Pourquoi je ne passe pas au 100% Linux

Bilan de 6 ans d’intégration
mercredi 4 avril 2007
par  Gaétan RYCKEBOER
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Après avoir tenté moultes distributions, j’ai fini mon long voyage en installant une Ubuntu – à partir d’un Live CD –. Fidèle – pour le moment – à la logique des paquetages Debian, souple, simple et dotée d’utilitaires très pratiques et souples d’utilisation pour l’installation de paquetages.
Quelques coups d’apt un peu partout, mon Linux est opérationnel et, hormis un souci de Xinerama pour le dock de mon ordinateur portable, j’ai un Linux qui convient à peu près à mes goûts et mes utilisations.
OpenOffice 2.2 s’installe depuis le site OpenOffice sans problème, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Les problÚmes commencent à se poser pour le premier test grandeur réelle : une journée de travail, au sein de mon entreprise, avec le portable sous Linux.

Le Réseau

Le paramétrage réseau se fait en dur, via un câble Ethernet. Une connexion WIFI est utilisable à des fins de tests, mais est concurrente avec la connexion Ethernet.
Des serveurs Active Directory traînent dans tous les coins, et permettent d’entreposer et échanger des fichiers. Les imprimantes utilisent exclusivement des spools sur les serveurs et refusent les connexions directes. Il me faut donc faire partie du domaine Windows pour pouvoir les utiliser.
S’agissant d’une installation test, je sais qu’il ne m’est pas possible de démarrer le paramétrage d’un SAMBA en mode « client pour les domaines », et de demander à l’administrateur local de passer valider mon certificat auprès des contrôleurs de domaines.
Pas de réseau, donc, excepté Internet via les ports ouverts et le proxy, en me satisfaisant du fait qu’ils n’aient pas un proxy authentifié par Kerberos – je n’ai pas de jeton de session, je ne suis pas membre du domaine –.

Le courriel

J’utilise deux boites à lettres électroniques : mes courriels personnels, via une connexion IMAP sur SSL, et l’envoi via SMTP + TLS authentifié.
Je parviens à traverser les pare-feu par des ports ouverts, et dialoguer avec les serveurs SMTP/TLS et IMAP/SSL. Sous Windows ou sous Linux, aucun souci. Même évolution – après quelques déboires – parvient à le faire.
Les problèmes se corsent avec la messagerie « corporate », sous Exchange. Ils n’ont pas activé OWA, il me faut donc un jeton Kerberos ou NTLM pour me faire authentifier auprès du serveur de messagerie.
Qu’à cela ne tienne, je vais tenter de passer par Wine
Plusieurs longues heures de recherche/paramétrage plus tard, Outlook 2003 ne démarre toujours pas sous Wine ; Evolution ne parvient pas à dialoguer avec les serveurs exchange qui n’ont pas OWA.
Pas de courriels professionnels.

La bureautique

Je suis chercheur, dans le privé. A ce titre, je réalise des études.
Des documents passent entre mes mains, pour lecture, relecture, correction, archivage.
J’écris des documents, je les fais lire, relire, archiver par d’autres.
Une grosse part de mon temps est consacrée à la lecture de documentation, et des séances de brainstorming.
Il me faut réaliser rapidement des schémas d’architecture réseau complexes, qui soit visuellement neutres pour les relecteurs.

Prise de notes :
Deux outils sont indispensables à ce travail quotidien :
Un logiciel plus rapide qu’un crayon sur un papier, pour les schémas,
Un logiciel plus rapide qu’un crayon sur un papier pour la prise de notes
Par la suite, il faudra mettre en forme cette information, et détailler des parties de texte. Puis remettre en forme.

Diapositives :
OpenOffice permet de remplacer Word 2003 sur bien des aspects, et se révèle particulièrement efficace dans bien des situations.
Par contre, Word 2003 me permet de réaliser des présentations « look powerpoint » de manière bien plus rapide et efficace que les vraies, moyennant la création personnelle d’un modèle de documents imitant à la perfection les diapositives « corporate » une fois imprimées en PDF. Làs, OpenOffice ne me permet pas de recréer exactement le même modèle. Presenter se révèle aussi efficace que Powerpoint, mais ni mieux, ni pire.

Brainstorming :
De nombreux schemas, à l’issue de brainstorming, sont faits en Visio. Pas de souci, Kivio sous Linux se révèle aussi efficace pour cet exercice. Malheureusement, il ne sait pas dialoguer en format « ouvert » au sens non définitif.
En outre, d’autres schémas me parviennent en Visio, VSD, et aucun logiciel – à ma connaissance et suite à mes recherches – ne permet d’importer de tels fichiers.
Qu’à cela ne tienne, je le ferais avec Wine… mais là encore, impossible. Je parviens à démarrer une réinstallation de Visio, mais il me manque IE6. Après diverses recherches et installation de ies4linux, toujours pas de Visio 2003 opérationnel. Toujours un manque de IE6.

Acrobat :
Il me passe entre les mains des documents PDF à relire, annoter, corriger, et toute l’artillerie d’outils fournis avec Adobe PDF Maker. Sous Linux, PDF Maker n’existe à ma connaissance pas.

Document hiérarchiques :
OpenOffice dispose d’un « navigateur », qui permet une certaine souplesse de navigation au sein d’un document structuré. J’entend, un document avec plein de choses dedans.
Pour le construire, par contre, c’est plus compliqué. Word 2003, après avoir copié la boite de « styles » de OpenOffice, l’a grandement améliorée en gérant les styles dérivés. Excellent outil, qui se révèle très pratique, mais n’est pas foncièrement indispensable. On parvient à s’en passer.
Par contre, La création d’un document structuré ne se fait pas d’une traite, mais par à coups. Essai, erreur. On travaille sur le plan, puis on documente les parties ainsi créées. Idem pour la création de diapositives.
Il manque à Writer la possibilité de saisir des titres, et de changer le niveau hiérarchique de ces titres simplement (par l’appui de « TAB » ou « SHIFT + TAB » par exemple).
En outre, la possibilité de déplacer souplement – cliquer glisser – les titres et les sous-titres + paragraphes associés se fait lourdement désirer à l’usage.
Un peu mieux que Writer, Presenter permet cet exercice. Par contre, le passage de l’un à l’autre est assez pénible… comme celui de Powerpoint à Word.

Wine :
Avec tout ces défauts, je me dis qu’il est possible d’utiliser les logiciels natifs Windows sous Linux, en utilisant Wine. Hélàs, Microsoft à compris le danger, et inclut dans ses nouvelles versions de logiciels tout un tas de verrous les rendant inutilisables. Ainsi, aujourd’hui la majorité des installer Made in Microsoft trouvent le moyen de se planter à l’installation, au motif « windows incompatible », « genuine not validated » ou simplement un appel à une fonction non encore étudiée par les développeurs de Wine.
Une fois installé, les produits Office, par exemple, tentent de vérifier l’adéquation de l’utilisateur logué avec je ne sais quel paramètre stocké au moment de l’installation initiale. Ce n’est pas un problème de stabilité, c’est un test volontaire, qui se solde par un arrêt violent du programme avec corruption de données. Pour le coup, c’est particulièrement dangereux ; j’en ai fais le frais : cinq minutes d’utilisation de Word avant qu’il ne fasse son test, et ne vienne verrouiller et bloquer le fichier sur lequel je travaillais.
Enfin, Wine est très lent, ce qui est normal, mais fatiguant d’utilisation.

Conclusion

Linux est indispensable, utile, agréable à utiliser, et permet de faire quantité de choses. Il est incontournable en tant que serveur, sur un réseau, ou comme station de développement – hormis les Visual machins qui sont tout de même particulièrement efficaces –. Pour ce qui est de la bureautique, il se défend bien, mais il manque quelques petits détails à OpenOffice pour pouvoir remplacer MS Office. C’est dommage, cette suite commence à être utilisable – avec le niveau de mémoire/processeur des stations de travail actuelles – et presque agréable, une fois apprise l’interface. Chez moi, j’utilise exclusivement OpenOffice, GNUmeric et TeXmacs. Je n’ai pas le choix, je n’ai pas de licence personnelle pour Office. Je suis toutefois satisfait du changement.
Par contre, en environnement professionnel, Linux n’est pas utilisable. A mon très grand regret. 10 ans après, le problème est resté le même.


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