La propriété intellectuelle, c’est le vol
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Comment fonctionne le capitalisme ? Par privatisation de ce qui est public. L’eau, l’air, la terre, la culture. Partout, le capitalisme met des péages, marque le territoire par des brevets ou des droits de propriété.
Bille Gates est le grand péagiste de l’humanité, imposant d’utiliser ses tuyaux pour faire passer du savoir, de l’info, des messages, etc.
C’est le type à l’entrée de l’octroi ou à l’entrée du gué : tu paies si tu veux passer. Bref, tu paies si tu veux vivre.
Oui, mais Windows, la recherche, la découverte, l’invention, le progrès, ragnagni-ragnagna. Non. Bill Gates a spolié historiquement une petite boîte d’informatique [1]. Ensuite, il a utilisé le fric des gens qui passaient sur le pont pour agrandir le pont et mettre des ponts là où les gens passaient autrefois sans payer. Aucun progrès, aucune recherche.
La progrès, c’est Linux. Linux, le logiciel libre, construit librement par des chercheurs selon le principe de la recherche : je te dis ce que je sais, je te le donne, car je sais que tu vas m’apporter en don quelque chose. Le contraire du processus marchand. Le contraire du droit de propriété et du brevet (la "recherche" telle que l’entendent les labos pharmaceutiques, grands fabricants de brevets et de marques, ennemis haineux de tout ce qui est gratuit, à commencer par les médicaments génériques [2]).
Linux a été fait par des amoureux de l’informatique,
qui n’ont jamais rien caché des progrès qu’ils apportaient à leur produit, et non par des marchands. Linux est le fruit du plaisir et du jeu. Résultat : le logiciel est extrêmement souple, fonctionnant du super-ordinateur d’IBM au téléphone cellulaire de Motorola. Il y a trois ans, Linux représentait 0% du marché. Aujourd’hui, il est à 17,7% des 50,9 milliards de dollars [3], contre 59,9% pour Microsoft. Intel, IBM, Hewlett-Packard, Dell, Daimler-Chrysler se sont mis à Linux, de bien meilleure qualité que cette saleté de Windows. Même Merryl Linch, l’ignoble banque d’affairistes, s’est mise partiellement à Linux. Jeffrey Bimbaum, patron de l’informatique chez Morgan Stanley, est tombé amoureux de Linux, sans comprendre que Linux était communiste.
Linux représente le travail antique, celui des bâtisseurs de cathédrales : la beauté du geste est aussi importante que le résultat. Linux, c’est l’amour du travail bien fait. Voilà pourquoi le résultat est bon.
Linux est beaucoup moins coûteux que Windows.
Tant que les entreprises pétaient dans la soie, elles pouvaient utiliser de la merde qu’elles payaient cher [4]. Le capitalisme fournit toujours du bas de gamme. Sinon, il ne serait pas le capitalisme.
Steve Ballmer, patron de Microsoft,
hait Linux. Il s’organise contre "la concurrence déloyale", dit-il, autrement dit, contre la gratuité. Le capitalisme hait la gratuité. Un jour, il fera payer le fait de dire : "Salut, çà va ?"
Linux bat Windows et démontre que le capitalisme est inefficace. Seule la gratuité des rapports humains permet d’inventer et de progresser, contre la "compétition", le darwinisme social, la lutte de tous contre tous, qui tire l’humanité vers le bas. Certes, avec 43 milliards de dollars de trésor de guerre, Microsoft paraît increvable. "La magie du logiciel s’étend partout !", clame Bill Gates à Las Vegas, pendant le dernier Salon de l’Informatique. Bill Gates a gagné son procès antitrust. Il s’attaque maintenant à la sécurisation de toutes les communications électroniques. : propriété privées, barrières, barbelés. Bientôt, toutes les commandes passées sur votre PC seront soumises à autorisation de Microsoft. En cas de litige, votre logiciel sera désactivé. Microsot, flic véreux, verrouille. Linux ouvre les cages [5].
Oncle Bernard
Article paru avec l’aimable autorisation d’Oncle Bernard, publié dans le Charlie Hebdo du 5 mars 2003. L’illustration est du dessinateur Charb.
[1] NDLR : Lire à ce sujet Le Hold-up planétaire : la face cachée de Microsoft. par Roberto Di Cosmo et Dominique Nora Calmann-Levy - 1998, ISBN 2-7021-2923-4
[2] NDLR : Lire à ce sujet une note de l’Organisation Mondiale du Commerce
[3] Business Week, 3 mars NDLR Lire à ce sujet la news sur le site de CLX
[4] NDLR : Lire à ce sujet l’expérience de Dupédi
[5] Voir la doc de l’assoc April
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